Il s’agit de la première exposition personnelle d’un artiste figurant dans la collection. Jean-Claude Bertrand (Saint-Etienne, 1928 – Paris, 1987) est l’un des premiers disparus dans l’entourage de ses amis peintres qu’il rencontra à l’Ecole des arts décoratifs de Paris dès 1945 : Jacques Petit, René Genis, Dominique Mayet, Guy Bardone. Il n’en est pas moins l’un des plus original dans son approche du paysage. En témoignent, ses nombreux dessins à l’encre de Chine représentant, avec force et vitalité, des parcelles de nature. Tout en gardant des titres très figuratifs, sa peinture davantage allusive, se jouera des frontières entre abstraction et figuration. Jean-Claude Bertrand inaugure un cycle d’expositions d’artistes dans l’entourage de Guy Bardone. Sa démarche, quoique très ancrée dans son rapport à la nature, s’en éloigne sensiblement dans son vocabulaire formel qui convoque un travail sur la matière qui devient progressivement abstrait, pour envahir toute la toile dans ses dernières œuvres de la moitié des années quatre-vingt.
Arpad Szenes (Budapest, 1897 - Paris, 1985) est un peintre non figuratif mais aussi dessinateur et graveur. Il affectionne tout particulièrement le format horizontal qui lui permet « d'amincir, d'étirer le paysage ». Ses compositions sont souvent « remarquables par leur simplicité, leur franchise et l'économie de moyen qu'elle mettent en œuvre ». Il a beaucoup utilisé la gouache, puis la tempera qui est « une technique plus immédiate dont le rendu, plus mat, plus onctueux le satisfait tout particulièrement »*. Le réel est « transposé » car l’artiste essaye de « rendre visible une impression, plus que décrire vraiment un site précis. » Nous progressons dans un paysage néanmoins figuratif que Szenes nous fait découvrir à travers son extrême sensibilité… vers une abstraction du paysage.
*Serge Lemoine extraite de « Musée des Beaux-Arts de Dijon : Donation Granville : catalogue des peintures, dessins, estampes et sculptures, t. 2, 1976»