C’est la journaliste Gisèle d’Assailly, en publiant en 1949 chez son mari l’éditeur Julliard «Autour des peintres de la Réalité poétique», qui baptise de cette jolie appellation à priori antinomique un groupe de 8 amis peintres liés entre eux par les mêmes préoccupations artistiques. Au 1er rang, l’attachement à une transcription du réel directe, simple et sensitive, permettant à chacun de s’exprimer selon ses propres acquis et son propre sens poétique. Comme aboutissement, la figuration pleine de charme et de couleurs, laquelle, sans révolutionner une époque où fleurissent les abstractions de tout poil, marque cependant une vraie transition.
Brianchon, Caillard, Cavaillès, Legueult, Limouse, Oudot, Planson et Terechkovitch, ont en commun le goût de la couleur et d’une formalité dans détour, dans la lignée des Nabis ou des Fauves, en particulier Bonnard, Dufy et Matisse. Paysages souvent non animés, natures mortes où éclate la couleur, et surtout portraits, en particulier féminins, sont les thèmes chers à ces artistes. Tous ces peintres se sont connus dans les années 30, ont souvent partagé leurs ateliers, exposé au Salon des indépendants et à des manifestations communes, sont profondément naturalistes, étant bien en cela de leur époque, celle de Giono. Chacun a ses propres recettes picturales, et puise dans ses propres références, mais au total tous touchent de façon positive à tous les genres de la peinture. Ces « peintres du bonheur » (Lydia Harambourg) vont enchanter l’été les cimaises du musée de l'Abbaye.